
Vous trouverez ci-dessous la traduction en français, effectuée par mes soins avec l'accord de Sébastien Joly :
Sébastien Joly a reçu le diagnostic d’un cancer des testicules le 25 juin dernier, le jour de ces 28 ans, après avoir gagné Paris-Camembert [en début de saison]. Au lieu de prendre le départ du Tour de France avec la Française des Jeux, il subit une opération et poursuit ensuite une radiothérapie jusqu’au 11 septembre.
"J’étais dans un état de semi-dépression," témoigne Joly. "Depuis mes 15 ans, ma vie était celle d’un athlète à plein-temps et en bonne santé. Cancer est un mot effrayant."
Il recommença calmement l’entrainement à la fin du mois de septembre. En novembre, il rejoint ces co-équipiers pour un stage de cyclo-cross à Rénazé, le pays natal des frères Madiot, ses dirigeants à la Française des Jeux. "Revoir à nouveau mes collègues était un sentiment fabuleux," dit-il. "Après ce que j’ai vécu, je peux dire que le monde du cyclisme est une vraie famille. J’ai reçu des messages de soutien de nombreux cyclistes et personnels d’équipes, et pas seulement de la mienne."
Un message de soutien remarquable venait de Lance Armstrong, survivant lui-aussi d’un cancer des testicules, le jour même où la nouvelle fut rendue publique. "Il m’offrait son aide et je lui ai cordialement répondu," dit Joly. "C’était en français, je sais qu’il le comprend et je n’avais pas la force d’écrire en anglais. En tout cas, je le remerciais et lui indiquais que je le recontacterais plus tard si j’avais besoin d’aide mais que pour le moment, les docteurs étaient les personnes les plus importantes pour mon traitement."
Joly essaya de garder l'e-mail d’Armstrong secret dans un premier temps. "Je voulais rester discret. Je ne voulais pas faire de ma maladie un spectacle. Je voulais juste être en bonne santé à nouveau. Je refuse l’idée que les gens me voient comme le Lance Armstrong français, car je ne le suis pas. La seule chose que j’ai en commun avec lui est le même cancer, mais pas au même degré.
"Le mien ne mettait pas ma vie en danger. Je n’ai pas eu besoin de chimiothérapie. Après il y a eu les prédictions que j’ai entendues plusieurs fois mais qui ne m’ont pas du tout fait sourire : les gens disaient que j’allais gagner sept Tour de France maintenant. Hey, je ne suis pas cet homme qui a été Champion du Monde à 21 ans. Je suis un cycliste français dans la moyenne. Je n’espère pas devenir meilleur, j’aimerai juste retrouver mon niveau."
Au stage de la Française des Jeux, avant Noël, à St Quentin en Picardie, Joly portait une veste thermique de plus que n’importe qui d’autre. Il a six kilos de moins que l’année dernière – trois kilos de graisse et trois kilos de muscle me manquent encore, reconnait-il. "J’ai à nouveau retrouvé le rythme," dit-il avec un large sourire de satisfaction. "Je fais trois heures intensives de VTT sans problème. Sur route, je sais que quatre heures ne sont pas un problème non plus. Je me demande seulement comment je me comporterai sur une sortie de six heures. Et ma plus grande incertitude est vis-à-vis de la compétition. Je n’ai aucune idée de ce que je serai capable de faire en course."
C’est pourquoi il n’a pas encore fixé de date pour son retour. "Ce peut être en février ou mars, ce n’est pas réellement un problème car je ne suis pas encore dans une situation où je peux me fixer des objectifs," explique-t-il. "J’ai des sensations mitigées. Je suis impatient d’épingler à nouveau un dossard sur mon maillot mais je ne veux pas non plus faire d’erreurs dans mon processus de guérison. Je continue d’avoir des tests tous les trois mois et un check-up complet tous les six mois. Je ne sais pas si je serai compétitif à nouveau."
"Si jamais j’ai amélioré mon cyclisme, c’est mentalement," continue-t-il. "Sur cet aspect, je suis beaucoup plus fort désormais. En trois mois, j’ai vieilli de cinq ans. Je profite de la vie et du vélo encore plus qu’avant. J’ai été choqué par les enfants que j’ai rencontrés au centre où j’effectuais mon traitement à Lyon. Si je dois m’impliquer dans une œuvre de charité, ce sera pour le confort des enfants cancéreux. Deux associations m’ont déjà contacté. Je ne vais pas changer la recherche médicale mais si je peux aider à récupérer des fonds à mon niveau, je serai heureux de le faire."
En décembre, il roulait pour le Téléthon, qui concerne des maladies autres que le cancer. "Par le passé, j’ai fait le minimum de ce que je pouvais faire pour la bonne cause. Désormais je vois les choses différemment."
Il n’a pas demandé d’aide à Armstrong car il n’en a pas eu besoin lors de sa guérison. "Maintenant, cela ne me dérangerait pas de parler avec lui [Armstrong] dans le cadre de sa fondation car j’ai beaucoup appris au sujet du cancer des testicules depuis juin et j’ai été en contact avec d’autres athlètes qui ont affrontés la même maladie. En particulier, J’ai rencontré un triathlète, Pierre Dorez, qui est originaire du même département que moi, la Drôme dans la vallée du Rhône. Il m’a expliqué beaucoup de choses sur les communications des scientifiques du monde entier à propos des recherches sur le cancer des testicules. Partager nos expériences m’a apporté beaucoup de bénéfices. Désormais, Il promeut sa propre marque de vêtements de sport, Zerod, et il sponsorise même Laurent Jalabert pour ses triathlons."
Joly est resté discret sur son expérience et compte continuer ainsi. Il espère que lorsqu’il reviendra à la compétition dans deux ou trois mois, il ne sera pas regardé comme une curiosité bien qu’il sache qu’il sera une personne différente après sa bataille contre le cancer.
2 commentaires:
Après la superbe carte de voeux du Galibier qui nous aide à passer l'hiver, voilà que tu nous offres tes talents de traducteurs. Il sait tout faire, notre Seb Fay! Et notre Seb Jol, il fait plaisir à voir avec son enthousiasme de cadet. Bien sûr qu'on s'impatiente de le voir dans le grand bain, mais avec le recul, on est déjà tellement content de le voir à ce niveau...
Heureusement qu'il reçoit un peu d'aide car cette semaine Seb a été bien occupé
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